
Jour 8
La nuit a été très courte. Pour les agneaux, c'est la dernière nuit passés ensemble.
Après nous être interrogées sur ce qui pouvait causer autant de malades permis les agneaux, nous avons admis que c'était une épidémie de gastro, sauf qu'ici, elle ne touche pas une fratrie de 4 enfants, mais une fratrie qui compte 46 agneaux. Les chambres surchauffées dans lesquelles ils s entassent pour partager encore et encore des moments tous ensemble a probablement permis une telle propagation. Nous (les laoshi ) nous demandons qui sera le prochain malade. Je n’ai jamais connu cela en Chine. Nux vomica, paracétamol. Le coca battu est devenu notre allié.
Éva s'est installée sur le palier pour discuter avec sa maman, il est 1h et quart du matin. Éva, converse à plein volume, ben quoi, j'appelle ma maman. Éva m'amuse toujours par son naturel, euh, il y a juste d'autres personnes que celles du groupe à l'étage que nous occupons. Oups. Elle descend dans le hall pour reprendre sa conversation.
Décidément nous avons beaucoup de chance avec la météo. Ce matin, le ciel bleu domine derrière les kiosques de la Colline de charbon. Le soleil claque sur les dorures.
Les yeux sont cernés.il ne reste plus qu’à trouver une place pour les brosses à dent, rendre les clefs et déposer nos bagages qui chemineront sans nous jusqu' à l'aéroport.
Nous savons tous intellectuellement que nous prendrons l'avion ce soir, mais cela semble irréel. Nous empruntons la ruelle, l'air est glacé, nous rejoignons notre bus pour aller au Temple des lamas. Nos références à Tintin nous renvoient aux lamas cracheurs, pourtant aujourd'hui il s'agit de lamaïsme tibétain. La rue qui y mène déborde de boutiques d'articles pour honorer bouddhas, encens, bouquets colorés de fleurs de lotus artificielles...
Il y a encore beaucoup de monde aujourd'hui, les différentes cours sont voilées de fumées d'encens. Qui voudra prier ? De laoshi et moi nous dirigeons vers un kiosque où nous pensons acheter de l'encens. J'aborde un monsieur qui tient dans ses mains une petite boîte rouge de bâtonnets d'encens et lui demande combien ça coûte? C'est gratuit. Je suis surprise, jusque là chacun achetait ses bâtonnets.
Les agneaux délaissent momentanément Diane et son (notre) drapeau tricolore pour aller chercher les petites boites d’encens. Chacun brulera ou pas l’encens à sa guise. Ce temple a une atmosphère à laquelle bon nombre d’entre nous sont sensibles.
Diane a anticipé la foule dans le temple, elle nous a donc présenté chacune des salles et chacun des bouddhas qui s'y trouvent avant d'entrer. Les Chinois sont ils croyants ? Elle nous parle plutôt de superstition.
Le bouddha rieur, Maitreya, nous accueille dans la première salle, son gros ventre s’est arrondi de tous les malheurs qui nous touchent.
Diane qui décidément ne manque pas d’humour, montre aux agneaux que les Chinois ne savent pas lire, ou tout du moins qu’ils ne se soucient pas de certains écrits : interdit de jeter des pièces sur le brûle parfum, pourtant certains essaient vainement d’envoyer une pièce pour qu'elle demeure sur ce brûle parfum.
Nous allons déjeuner à l’angle sud est de la place Tian anmen. Mais avant, Diane nous guide vers la librairie du quartier où nous pourrons trouver tout le nécessaire pour la calligraphie, de jolies gravures pour décorer les futures chambres d’étudiant des agneaux, des BD, et pour moi, le roman dont je compte étudier quelques extraits avec les terminales de l’année prochaine. Nous avons jusqu’à 1h pour sillonner le quartier à la recherche de trouvailles à rapporter en France. Nous avons jusque là été si occupés qu’il nous a été difficile de trouver du temps pour les emplettes.
J’ai trainé longuement dans la librairie, tout le monde avait disparu, enfin, les agneaux, car les Pékinois étaient bien là. Les bancs en pierre de cette rue ont été recouverts de tricots au crochet, d’autres faits aux aiguilles. Cela me surprend, mais c’est une excellente idée pour ne pas être en contact avec la pierre glacée.
J’emprunte une ruelle et me trouve plongée dans une rue de restaurants, plats à emporter, en-cas… Je regrette de ne pas être avec les agneaux, enfin, oui et non, car l’odeur si caractéristique du chou doufu (doufu puant !) aurait probablement choqué leur odorat. Je n’ai qu’une idée en tête : trouver une chèvre. Dit comme cela, ce doit être ambigu, je voudrais trouver une chèvre décorative du nouvel an chinois, année de la chèvre oblige. J’aperçois quatre jeunes femmes en train de passer commande au comptoir à emporter d’un petit restaurant. L’une d’elle tient un joli sac en papier d’où dépasse la tête d’une chèvre. Je les aborde, leur dit que je voudrais acheter une chèvre, et leur demande où elles ont acheté celle-ci. La jeune femme a sorti la chèvre de son sac en papier, me l’a tendue, et m’a dit « je te l’offre. »
Je l’ai remerciée, j’étais gênée, elle a insisté. Notre échange n’a duré que quelques secondes. J’étais bouleversée. Voilà comment j’ai adopté Yangyang. ( 羊yang= chèvre)
J’ai retrouvé les laoshi et les agneaux. Nous devions nous rendre au restaurant où nous avions laissé Mathilde, malade cette fin de matinée.
Chacun s’attable, nous avons remarqué que Lucas B fait autant honneur aux plats que nous, est-ce un bon calcul que de partager sa table ?
Cet après midi, nous nous rendons au Temple du ciel. Deux temples dans la journée ? Ils ne se ressemblent pas du tout. Celui du ciel est circulaire, car les Chinois croyaient que le ciel était rond, la terre carrée. Tuiles vernies de bleu, formant trois rangs de cercles parfaits, se détachant du ciel bleu, tout n’est que beauté.
Nous nous rendons ensuite dans un marché libre. Diane mets en garde devant les contrefaçons, un agneau moult fois averti en vaut deux. Les rois du marchandage vont pouvoir se déchainer.
Pour notre dernier repas à Beijing, nous allons déguster du canard laqué. Juliette, Lucas G et moi sommes imbattables en nombre de petites crêpes que nous remplissons d’oignons, concombre et lamelles de canard. Il y a certes bien d’autres plats sur la table, mais pour nous trois, le canard laqué éclipse tout le reste. Paula aura la gentillesse d’aller ‘mendier’ pour nous les crêpes restantes sur les autres tables.
Nous nous rendons ensuite à l’aéroport. Arnaud Z, Pablo, Mathilde, Lucas G, Gabrielle animent notre trajet. Pablo exprime pour nous tous le plaisir que nous avons eu d’être à Beijing guidés, chouchoutés par Diane. Quant à elle, elle ne manque rien en filmant la scène avec son téléphone.
Un éléphant qui se baladait …
Les valises se refont presque toutes seules dans un capharnaüm indescriptible de sacs, poches, agneaux et laoshi affairés. Nous avons du mal à bouger de l’endroit où nous sommes, non pas parce qu’il est confortable mais parce que nous différons de plus possible le moment de faire nos adieux à Diane. Câlin collectif puis bisous à tout le monde. Qu’il était difficile de la quitter.
Passage de la frontière, chacun rangé dans l’ordre de notre visa collectif que nous avons laissé à ce moment là. Je dis au policier que nous sommes tristes de partir, il me dit dans dun souvenir ' revenez '. Tullia a du faire preuve d’une immense patience puisqu’elle est notre numéro 50.
