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la place Tian'anmen 天安门广场

Léo Briggs

               La place Tian’anmen (天安门广场), est incontestablement un symbole de la puissance chinoise. Couvrant une superficie de plus de 40 hectares, elle est entourée de monuments reflétant la riche histoire de l’Empire du Milieu, dans toute sa diversité. 

                    D’abord, le portrait de Mao, rappelle l’histoire de la république populaire de Chine, proclamée le 1er octobre 1949. Ce portrait est accompagné de deux inscriptions, «中华人民共和国万岁 » ( Longue vie à la république populaire de Chine) et «世界人民大团结万岁 » (Longue vie à l’union des peuples de la terre), qui rappellent aux milliers de chinois qui passent tous les jours sur cette place que le régime de Mao doit durer et sont le symbole du désir de grandeur chinois.

                      Ce désir de grandeur observable sur la place Tian’anmen n’efface toutefois pas le passé difficile du peuple chinois, celui de la période coloniale. En effet, quelques bâtiments au style européen tiennent encore au sud-ouest et au sud-est de la place. Ces bâtiments participent aussi biensûr  à la propagande communiste en montrant que c’est grâce à Mao,  grâce au communisme que le peuple de Chine a pu se libérer de l’occupation occidentale. Ce triomphe du communisme sur le capitalisme occidental est aussi symbolisé par le monument aux Héros du Peuple, obélisque de 38 mètres de hauteurs, terminé en 1958.

                        Ainsi, la place Tian’anmen, par sa dimension, sa localisation au centre de Pékin et les monuments qui s’y trouvent semble être le symbole parfait de la Chine communiste, unanimiste et triomphante. Néanmoins, cette place est connue à travers le monde pour un évènement rarissime dans l’histoire Chinoise, un moment où le Parti communiste Chinois ( PCC), qui tient d’ordinaire sa population d’une main de fer, fut ébranlé : les Manifestations de la place Tian’anmen.

                       En avril 1989, la mort de Hu Yaobang (胡耀邦), ancien secrétaire général du Parti et admiré pour le rôle qu’il a joué à la fin de la révolution culturelle, provoque d’importantes manifestations étudiantes sur la place en faveur d’une libéralisation du régime. Pendant plusieurs semaines, des centaines de milliers de manifestants réclamant liberté et démocratie défient un pouvoir politique divisé entre partisans du dialogue, comme le secrétaire général du PCC, Zhao Ziyang (赵紫阳), ou de la répression, comme Deng Xiaoping (邓小平) et Li Peng(李鹏), alors Premier ministre depuis novembre 1987. La ligne dure l’ayant finalement emporté au sein du parti, l’armée intervient pour rétablir l’ordre. Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, les blindés dégagent brutalement la place et une image est restée célèbre.

Un homme, seul, fait face à 4 chars communistes, parfaitement alignés. La scène fut aussi filmée, on voit le tank de tête tenter de le contourner, en vain. A chaque fois, ce manifestant courageux lui barre le passage. Puis, le "manifestant inconnu" grimpe sur le char et échange quelques mots avec le conducteur, avant d’être évacué par la force. Il est encore aujourd’hui interdit d’évoquer ces événements et encore plus d’en montrer des images. Néanmoins, sur Internet, des jeunes Chinois ont réussi à contourner cette censure parviennent à commémorer l’évènement. Pour ce faire, ils ont réalisé un photomontage malin, remplaçant les chars par des canards jaunes. Cette astuce n’a pas mis longtemps avant d’être découverte par les autorités puisque la recherche « gros canard jaune » est désormais interdite…

                         Nous allons donc dans quelques jours visiter une place qui d’apparence n’est rien d’autre qu’une illustration de la folie des grandeurs chinoise mais qui en réalité est un lieu historique de contestations, un lieu où l’idéal démocratique a su se faire entendre, fait rarissime dans l’histoire contemporaine chinoise. 

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